Alors que les populations d’animaux de compagnie continuent leur progression en France, les enquêtes menées de part et d’autre de l’Atlantique auprès des jeunes adultes révèlent un attachement toujours plus fort aux animaux. Une tendance à surveiller de très près.

Si votre employeur vous proposait un congé parental à l’arrivée d’un nouvel animal de compagnie, le prendriez-vous ? La question peut paraître totalement incongrue, et pourtant…

La question a été posée de cette façon à plus de 1000 jeunes américains âgés de 21 à 37 ans, propriétaires d’animaux de compagnie(1). 68% ont répondu par l’affirmative. Dans un pays réputé pour son libéralisme économique où la réussite professionnelle est souvent présentée comme une valeur cardinale, un tel résultat signe nécessairement quelque chose de profond.

Du reste, la tendance est confirmée par les autres réponses. 72% des jeunes adultes américains possèdent un animal de compagnie (en majorité des chiens) et 67% confirment qu’ils le considèrent comme leur « bébé en fourrure » (‘fur baby’ en version originale).

Outre-atlantique, les jeunes adultes constituent désormais la principale population de possesseurs d’animaux de compagnie, devant les baby-boomers(2).

Un fait que les journalistes américains ne manquent pas de rapprocher d’autres chiffres attachés à cette génération, en particulier le recul de l’âge moyen des parents au moment de la naissance de leur premier enfant.

Alors ? Les Millenials préfèreraient-ils les animaux de compagnie aux enfants ?
Faut-il voir dans ces adoptions d’animaux un moyen de repousser l’heure de l’engagement parental ?
Une réponse à une solitude affective généralisée ?

67%
des jeunes Américains considèrent
leur animal comme leur "bébé de
fourrure"

Toutes les analyses sont permises. Une chose est certaine néanmoins, la force du lien avec les animaux de compagnie, qui ne cesse d’augmenter depuis 50 ans, ne semble pas devoir s’affaiblir. Au contraire !

La France suit-elle la même tendance ? Nous ne disposons pas hélas d’enquête aussi ciblée auprès des jeunes français qui permettrait de l'affirmer. L’âge moyen de l’échantillon interrogé pour l'Observatoire des Français et de leurs animaux de compagnie(3) réalisé par Ipsos pour SantéVet est de 48 ans. La part des 20-39 ans est de 33%. Même si les bases statistiques sont très différentes, ces chiffres sont assez cohérents avec les données américaines (l’âge médian des propriétaires de chiens est de 49 ans aux USA. Les Millenials représentent 35% des propriétaires).

En outre, les nouvelles données publiées cet été par la Facco (le syndicat français des fabricants de pet-food)(4) confirment une nette hausse, encore, des populations de chats (+5,6% par rapport à 2016) et de chiens (+1,3%) en France.

Des chiffres qui nous incitent à observer la tendance américaine avec attention, même s’ils révèlent une différence notable entre Français et Américains.
Les Français continuent de préférer les chats. Plus de 30% des foyers en possèdent un au moins, pour une population estimée à près de 14 millions d’individus. En regard, 20% des foyers français possèdent un chien (7,6 millions d’individus).

Quel impact ces évolutions auront-elles sur l’activité vétérinaire ?

Aux Etats-Unis, les jeunes ‘pet-owners’ ont véritablement fait exploser le marché de l’animal de compagnie. Ils déclarent consacrer 1000$ par an, en moyenne, pour l’entretien de leur animal et se disent prêts à dépenser 2000$ en cas de maladie pour assumer les frais médicaux.

10% d’entre eux seraient même prêts à engager plus de 10.000$ !

Pour mémoire, en France, en 2018, la dépense moyenne pour un chien était de 619€, et 222€ pour un chat(3).

Si les jeunes Français suivent la tendance américaine, la marge de progression paraît très prometteuse. Une perspective heureuse pour l’activité canine, renforcée peut-être à la lecture des dernières données de SantéVet et de la Facco.

L’une et l’autre enquêtes relèvent en effet une progression de la médicalisation en France. Selon la Facco, 62% des chats et 86% des chiens ont vu un vétérinaire en 2018.

SantéVet observe pour sa part que seulement 7% des propriétaires de chiens (16% pour les chats) envisageraient l’euthanasie face à une dépense vétérinaire de plus de 1000€.

Plus indirectement, ces tendances pourraient avoir des conséquences sur d’autres marchés.

Les historiens et les sociologues ont observé de longue date que l’augmentation de l’affection pour les animaux de compagnie s'accompagne de la progression des revendications sur le bien-être animal et du droit des animaux.

Le fort tropisme des Millenials pour leurs « bébés de fourrure » pourrait donc s’accompagner d’une sensibilité accrue pour ces questions dont ont sait qu’elles secouent régulièrement le monde de l’élevage et de la recherche.

En France,
84% des 18-35 ans sont favorables
à la création
d'un droit
de l'animal
de compagnie

Ainsi, une enquête de l’Ifop pour une association de protection animale révélait l’an dernier que 84% des moins de 35 ans étaient favorables à la création d’un véritable Droit Animal en faveur des animaux de compagnie (contre 80% chez les plus de 35 ans)(5).
Chez les plus jeunes, les revendications semblaient même encore plus fortes. 80% des 18-24 ans se prononçaient en effet pour l’interdiction de toute expérimentation sur les animaux de compagnie (contre 70% en moyenne dans les autres tranches d’âge).

Des chiffres à rapprocher peut-être d’une enquête réalisée en 2017 par le site Diplomeo.com chez les 16-25 ans(6).
47% des jeunes français « non-végétariens » interrogés déclaraient avoir envisagé de réduire leur consommation de viande. Leur principale motivation (54%) était la protection des animaux.

Emmanuel THEBAUD
COVETO - Dir. Marketing & Communication

(1) Millenials and Their Fur Babies - Ameritrade, 2018

(2) North American pet ownership - Petfood Industry, Mars 2018

(3) Observatoire des Français et de leurs animaux de compagnie - Ipsos/SantéVet - www.santevet.com

(4) Enquête Facco Kantar TNS, 2018

(5) Les Français et les animaux de compagnie - Ifop/Croc Blanc, Juillet 2018

(6) Tous futurs "VEGGIE" ? - diplomeo.com, Novembre 2017